Un peu d'histoire... Le Monument aux Morts en 1922

Publié le par Zaza

FALAISE GLORIFIE SES HEROIQUES ENFANTS - Extrait  "Le Petit Ardennais - 4 Novembre 1922"


" Mercredi dernier 1er novembre, à 14 heures, une cérémonie touchante et grandiose eut lieu dans cette commune ravagée par la guerre, à l'occasion de l'inauguration du monument élevé aux enfants de Falaise tombés pour la Patrie. Seize de ces braves ont, en effet, donné leur sang pour que vive notre pays et que soit délivré notre territoire ardennais.

En 1918, un mois avant la victoire finale, des combats furieux se livrèrent sur la rive de l'Aisne et les communiqués ont parlé souvent des attaques sanglantes de la ferme de la Pardonne où "le Boche" était accroché. Falaise fut enlevé par nos vaillantes troupes, mais tout le village était en ruines, une belle citation à l'ordre de l'armée lui valut la croix de guerre qui figure sur la face principale du monument. Celui-ci se dresse svelte, haut et bien campé, sur une éminence en maçonnerie qui se trouve, nous l'avons déjà relaté, à l'angle de la rue Tranquille avec la traversée principale de la localité, tout près de ce que fut l'église qui n'est plus qu'un amas informe de pierres.

 

Les noms glorieux sont gravés sur les faces latérales et le monument est entouré de huit gros obus reliés par des chaînes. Derrière, se trouvent deux minens, trophées de nos vaillants poilus. L'ensemble est imposant dans un cadre d'arbustes et de verdure.

 

Le cortège se forme à l'heure fixée, à l'entrée du village, route de Vouziers, dans l'ordre suivant : les tambours et clairons et la subdivision de sapeurs-pompiers, nouvellement réorganisée sous le commandement du lieutenant Bocquillion, l'Harmonie municipale de Vouziers et sont excellente clique avec sa Commission administrative; les drapeaux des sections d'anciens combattants ; la Fraternelle de Vouziers, les groupements de Condé-les-Vouziers, de Vandy, de Grivy-Loisy et de Falaise avec leurs dirigeants et un nombre imposant de sociétaires ; les autorités et invités, au devant de qui s'étaient rendus le sympathique maire de Falaise, M. CHAMPAGNE, avec M. HENRION, adjoint et son Conseil municipal, pour souhaiter à tous la bienvenue.

 

Nous avons remarqué M. BRUNETTE, sous-préfet de l'arrondissement, toujours empressé à venir représenter le Gouvernement à ces cérémonies ; MM. Maurice BOSQUETTE, député, et conseiller général du canton de Vouziers, ancien combattant de la grande guerre ; ROUYER et MARTIN, conseillers d'arrondissements ; PUIREUX Lucien adjoint de la ville de Vouziers ; M. le Docteur JOLLY ; les maires de Savigny, Longwé, Olizy, Condé-les-Vouziers, Chestres, La Croix, l'adjoint de Grivy-Loisy, des conseillers municipaux de Vouziers et environs ; des fonctionnaires ; le lieutenant de gendarmerie et M. L'Adjudant BERTRAND ; les élèves des écoles de garçons et de filles de Falaise sous la conduite du personnel enseignant, le clergé, les familles des glorieux morts et disparus, puis toute la population de la localité et de nombreuses personnes des communes environnantes.

 

Sur le parcours l'Harmonie municipale de Vouziers exécute  de brillants défilés militaires et le coup d'oeil est vraiment imposant  sous les rayons timides d'un soleil qui disparaîtra derrières de gros nuages sombres et menaçants. Dans la rue principale, des guirlandes et inscriptions sont tendues, l'organisation est complète et impeccable. On arrive au monument, sur cette place de l'église, où jadis ces beaux jeunes gens - dont on va citer les noms et honorer l'héroïsme - dansaient  et participaient aux réjouissances locales. Nous les avons connus tous, adolescents, dans leurs joies éphémères, heureux de vivre auprès de bons parents dont ils étaient pour la plupart des fils uniques.

 

Dès que le voile tricolore qui recouvre le monument tombe, l'Harmonie attaque la "Marseillaise" et la jeunesse dépose des palmes et gerbes de fleurs. M. CHAMPAGNE, maire, s'avance et fait l'appel des héros de Falaise. Ce sont : ARNOUX Adolphe, BAIJOT Marceau, BEAUDIOT Paulin, BENOIT André, BERTRAND Denis, BREART Désiré, BUSQUET René, CHAMPAGNE Anselme, CHAMPAGNE Kléber, JACOB Gaston,  LAURENT Charles, LEPINOIS Gaston, NIZET Marcel, TAILLANDIER Edmond, VERREAUX Louis, LAURENT Maurice, puis ROMANGIN Augustin, mort à Madagascar ; COURTOIS Arsène, dédédé au Sénégal et RICHER, victime de la guerre de 1870.

 

La Société musicale joue la marche funèbre "La Dernière Etape", de BUOT, puis M. le Maire poursuit son discours en rendant un hommage ému et éclatant aux enfants de sa commune si glorieusement tombés sur les champs de bataille de l'Yser, de la Somme, de la Champagne et de Verdun. Il adresse aux jeunes générations un appel patriotique, car, en face d'une Allemagne encore mal intentionnée, c'est auprès de ce monument qu'elles viendront puiser les plus profondes pensées. M. le Maire remet à la population ce monument qui symbolise dans l'éternel avenir le sacrifice de ses enfants.

 

M. GOFFETTE, président de la section d'arrondissement des mutilés, réformés, veuves, orphelins et ascendants, grand mutilé lui-même et originaire de Falaise, prononce un remarquable discours et il expose combien la reconnaissance de ceux qui restent doit aller aux héros d'outre-tombe dont la voix et les désirs se condensent dans les revendications de l'UNRM.

 

U8n choeur de circonstance est chanté par les jeunes filles, accompagnées de plusieurs chanteurs de la localité, c'est juste et il convient de féliciter tous les choristes.

 

M. BRUNETTE, sous-préfet, se dit fier et heureux de venir dans ces cérémonies, saluer les glorieux pionniers de la victoire, au nom du Gouvernement de la République. Il a connu, dans le secteur qui touche aux Ardennes, les souffrances et les dangers e nos vaillants soldats, aussi il exalte comme il convient l'esprit de sacrifice de ceux qui ont permis aux survivants de jouir des bienfaits de la paix.

 

M. le Sous-Préfet exhorte, lui aussi, les jeunes gens à venir souvent s'inspirer auprès de ce monument, car le souvenir de tels héros est la plus belle page de solidarité nationale et de patriotisme.

 

M. BRUNETTE termine en félicitant la foule ainsi que la municipalité et le Conseil municipal d'avoir si bien compris le devoir de reconnaissance envers les glorieux enfants de Falaise.

 

La "Marseillaise" est exécutée de nouveau, puis M. BOSQUETTE, député, prend la parole avec l'accent de sincérité que nous lui connaissons. Il préconise l'union des survivants dans la pensée constante de ceux qui furent unis dans la mort. Il évoque les souvenirs pénibles du début de la campagne 1914, pour en venir aux longues et patientes attentes de ceux qui firent reculer "le boche" dans cette contrée historique qu'est La Pardonne, sur le territoire de Falaise.

 

Tous ces discours furent très applaudis et les invités et les Sociétés répondent à l'invitation au vin d'honneur, lequel est servi dans le magnifique immeuble de M. René CHAMPAGNE. Ce dernier remercie encore toutes les autorités venues, la jeunesse et associations qui ont prêté leur concours à cette patriotique cérémonie.

 

M. le Sous-Préfet et M. BOSQUETTE remercient et félicitent le maire, le Conseil municipal et la vaillante population de Falaise, de leurs efforts persévérants pour relever les ruines et ils emportent un réconfortant souvenir de ce qu'ils ont vu et constaté.

 

M. Didier CLEMENT, au nom des A.C. de Falaise, remercie les orateurs desparoles de sympathie prononcées à l'adresse des anciens combattants.

 

On se quitte et la pluie fait rage, on se déclare enchanté de ce que cette dernière n'est pas venue contrarier une cérémonie aussi touchante et aussi bien ordonnée. "

 

 

 

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Un grand merci à Mme MURZIN pour les photos d'époque.

 

 

 

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Publié dans FALAIRATS D'ARGONNE

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M
<br /> devoir de mémoire !<br /> <br /> (comment ça va toi ?)<br /> <br /> <br />
Répondre
Z
<br /> <br /> Coucou, on essaie de maintenir le devoir de mémoire, mais apparemment certains dans le village ne l'ont pas compris... et le critique ! Mais bon c'est comme ça, nous nous respectons nos morts<br /> qu'ils soient français ou allemands ou polonais ou italiens, ils n'ont pas demandé à venir mourir pour rien ! Biz<br /> <br /> <br /> <br />